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Le grand Arnaud
29 septembre 2016

Les méfaits de l'Euro

Les méfaits de l’Euro se font sentir au sein de l’Union européenne. Pourtant, cette dernière est loin d’être convertie dans son ensemble à l’Euro. Plusieurs pays, et non des moindres, tels la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne ou la Suède, ont refusé – et refusent toujours – de rejoindre la zone Euro. La Grande Bretagne vient même d'obtenir de Bruxelles de n'être pas associée au processus d'intégration que l'UE veut, à tout prix, faire avancer. Force est de constater qu'ils ne s'en portent pas plus mal, loin de là. Et pourtant, l'Euro mine l'Union. La crise de l'Euro a paralysée l'UE depuis 2010, et l'a entraînée dans toujours plus d'austérité, suscitant alors une vigoureuse remise en cause de la part des électeurs. Les succès électoraux des partis eurosceptiques, que l'on qualifie de « populistes », en témoignent. L'Euro existe, il faut le rappeler, depuis 1999 pour ce qui concerne l'Euro bancaire (ou Euro scriptural) et depuis 2002 pour la monnaie courante, ce que l'on appelle l'Euro fiduciaire. De fait, il a provoqué un fort ralentissement de la croissance sur les pays qui l'ont utilisé. On peut comparer les taux de croissance annuel entre une sélection des 9 pays les plus importants de la zone Euro et le reste des pays développés. On n'a pas fait figurer dans cette comparaison les pays d'Asie (Chine, Japon, Corée) pour ne pas accentuer le déséquilibre de la comparaison. L'écart du taux de croissance moyen du PIB est, par an, d'environ 1% entre les pays de la zone Euro et les autres pays. C'est donc un montant en fait considérable sur une période aussi longue. On mesure ainsi le freinage de la croissance exercé par l'Euro. Cette situation s'est aggravée avec la crise de la zone Euro, et l'on voit que dans la période 2007-2015, le taux de croissance annuel de la zone Euro est bien plus faible que celui des Etats-Unis, de la Suède et de la Norvège. L'effet de freinage sur la croissance dû à l'existence de l'Euro est ici indéniable. Encore faut-il savoir que la zone Euro est elle-même très hétérogène. On constate que l'Euro a freiné de manière considérable la sortie de crise voire a aggravé cette dernière dans de nombreux pays. En fait, la crise de 2007-2010 a été plus facilement surmontée dans les pays qui n'avaient pas l'Euro que dans ceux qui l'avaient. L'Euro n'a donc nullement « protégé » les pays de la zone. Il a, au contraire, retardé leur sortie de crise. Au-delà du PIB, il faut prendre en compte le PIB par habitant, qui est un bien meilleur indicateur de la richesse réelle d'une population. Ici encore, les chiffres sont sans appel. On constate immédiatement qu'un seul pays a vu son PIB par habitant s'accroître de manière conséquente par rapport à 1999, c'est l'Allemagne. C'est d'ailleurs le seul pays de la zone où le PIB par habitant se soit accru de 2008 à 2016. De fait, l'Allemagne est le seul pays de la zone Euro à avoir des chiffres de croissance comparables à ceux des pays ne faisant pas partie de l'Euro, comme le Canada, le Royaume-Uni, la Suède, ou les Etats-Unis. La chute est importante pour les autres pays. Elle est impressionnante dans le cas de la Grèce (-3,2% par an depuis 2008) mais elle est aussi significative pour la Finlande, l'Espagne, l'Italie et le Portugal. Si l'on retirait l'Allemagne de la zone Euro, on verrait que le bilan global de la zone Euro est encore plus négatif. L'Euro a donc contribué à l'appauvrissement relatif ou absolu d'une bonne partie de l'Europe depuis la crise financière. Mais, les problèmes ne s'arrêtent pas là. La chute des investissements est encore plus spectaculaire que celle de la croissance, et cette fois elle est générale. Or, cette chute compromet le développement de l'économie pour les prochaines années, et annonce l'équivalent d'une décennie perdue pour les pays de la zone Euro. I'investissement est la source même du progrès économique et social pour toute économie. Or, cet investissement s'est contracté dans la plupart des pays considérés. La chute, faible en ce qui concerne l'investissement global, est significative dans l'investissement par habitant. Le contraste est alors saisissant avec les pays ne faisant pas partie de la zone Euro. Il faut noter que les seuls pays qui y échappent à cette baisse sont la Belgique, la Finlande et la France. Cette contraction est, par contre, importante en Italie et en Espagne, et catastrophique au Portugal et en Grèce. Ces derniers pays sont ramenés au niveau d'investissement qui était le leur au milieu des années 1980. La baisse de ce flux que représente l'investissement se traduit par le non-renouvellement du stock de capital par personne. La partie du continent européen qui vit sous le joug de l'Euro a donc vu le capital fixe par habitant stagner depuis 1999. Ce capital fixe est constitué de choses bien concrètes, comme des logements, des infrastructures comme des routes, des ponts, des voies de chemin de fer ou des aéroports, des systèmes d'adduction d'eau, des systèmes de communication, mais aussi un capital plus directement productif, composé de machines, de bâtiment pour loger ces machines, et ainsi de suite. C'est bien pourquoi la stagnation de cet investissement par habitant, voire sa diminution, présente une telle menace pour le niveau de vie futur des populations européennes. A contrario, les pays qui ne sont pas dans l'Euro, la Suède, le Royaume-Uni et la Norvège pour les pays européens, le Canada et les Etats-Unis pour l'Amérique du Nord, ont continué à accroître le capital par habitant. On mesure ici l'impossibilité de faire fonctionner la monnaie unique sans provoquer une catastrophe en Europe, et au-delà dans l'économie mondiale. Car, l'impact des politiques d'austérité qui n'ont été mises en œuvre que pour « sauver » l'Euro dépasse de loin les frontières de l'Europe. En fait, la zone Euro exerce un effet dépressif sur l'ensemble de l'économie mondiale. L'impact social de l'Euro est aussi catastrophique, en particulier dans le domaine du chômage. Ce dernier se concentre sur les pays de l'Europe du Sud. Il frappe de manière très importante les jeunes de ces pays. Ici, l'impact de l'Euro se fait sentir dans la démotivation, voire le désespoir, des jeunes générations, en Grèce, en Espagne et en Italie. C'est un capital cette fois immatériel que l'Euro détruit, dans ses effets destructeurs sur la confiance en soi de millions de jeunes et dans les ravages sociaux que cette perte de confiance engendre. On s'interroge doctement sur le « pourquoi » de la frilosité des populations européennes face aux réfugiés du Moyen-Orient. Il faut être aveugle et sourd pour ne pas comprendre qu'au-delà des réactions face à des comportements minoritaires de certains de ces « migrants » ce qui s'exprime à travers cette frilosité c'est l'angoisse du lendemain pour des millions et des millions de gens. C'est la destruction de la confiance, la perte de l'idée de l'avenir. De 1945 à 1950 les pays européens eurent à gérer un problème de réfugiés bien plus important que celui que nous connaissons aujourd'hui. Mais, il est vrai que nous avions alors confiance en l'avenir, que dans les difficultés, pourtant immenses, de la reconstruction de l'après-guerre, les populations sentaient confusément que la situation s'améliorait mois après mois. C'est pourquoi on a su trouver de la place à ces réfugiés. Il est vrai que, à cette époque, nous n'avions pas l'Euro. Et l'on mesure alors ce que coûte l'Euro aux populations européennes, que ce soit directement — pour les pays membres de la zone Euro — ou que ce soit indirectement pour les autres pays. Parce que l'Euro a été mis en place sur le cœur historique de l'Europe, sa crise affecte naturellement l'Europe toute entière. On peut dire que l'Euro a, en quelque sorte, tué l'Europe.

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